Violations massives des droits humains : la République dominicaine face à ses obligations internationales
Depuis plusieurs mois, les rapports s'accumulent sur les graves abus commis contre les migrants haïtiens en République dominicaine. Ce qui aurait dû être une politique migratoire conforme aux normes internationales s’est transformé en une campagne de violences, d’humiliations et de privations fondamentales.
Des migrants sont régulièrement battus, blessés, parfois tués par des agents d’immigration. Des femmes, tout juste sorties de la salle d’accouchement – parfois après des interventions lourdes comme des césariennes –, sont expulsées sans soins, mettant en péril leur vie et celle de leurs enfants. L'accès aux soins médicaux leur est refusé. Des familles entières sont privées de logements, chassées sans ménagement, livrées à la rue.
Ces pratiques ne sont pas seulement des fautes morales. Elles constituent des violations caractérisées du droit international des droits de l’homme.
Le droit à la vie et à l'intégrité physique bafoué
La Convention Américaine relative aux Droits de l’Homme (Pacte de San José), à laquelle la République dominicaine est partie, garantit en ses articles 4 et 5 le droit de toute personne à la vie et à l'intégrité physique. Les exactions perpétrées contre les migrants haïtiens sont une violation directe de ces droits fondamentaux.
L'interdiction des expulsions collectives ignorée
L'article 22.9 de la même convention interdit formellement l'expulsion collective d'étrangers. Or, de nombreux migrants sont arrêtés arbitrairement, regroupés sans examen individuel de leur situation, puis renvoyés de force vers Haïti, en violation flagrante de cette norme internationale.
La privation de soins médicaux contraire aux obligations internationales
Selon la Convention Internationale sur la Protection des Droits de Tous les Travailleurs Migrants et des Membres de Leur Famille (1990, article 28), tout travailleur migrant a droit aux soins médicaux urgents pour préserver sa vie. Expulser des femmes en situation médicale critique ou refuser des soins essentiels constitue une atteinte grave à ce droit inaliénable.
La discrimination raciale dénoncée par les Nations Unies
La Convention Internationale sur l'Élimination de Toutes les Formes de Discrimination Raciale (1965) impose aux États l'interdiction absolue de toute discrimination fondée sur l'origine nationale ou ethnique. Or, les migrants haïtiens sont ciblés sur des critères de couleur de peau, d’accent ou d’apparence physique, en violation manifeste de cette convention.
Un appel à la responsabilité internationale
Ces atteintes aux droits humains appellent une réaction ferme de la part de la communauté internationale.
La République dominicaine a l’obligation de :
Mettre fin immédiatement aux violences exercées contre les migrants ;
Garantir à chacun l’accès aux soins médicaux d’urgence ;
Cesser les expulsions collectives ;
Respecter l’égalité de traitement, indépendamment de l’origine ethnique.
Nous appelons l'Organisation des États Américains (OEA), la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH), ainsi que l'Organisation des Nations Unies (ONU) à faire pression pour que cessent ces pratiques illégales et inhumaines.
Aucune politique migratoire ne saurait justifier la brutalité.
Aucun État de droit ne peut survivre en niant l’humanité de l’autre.
La République dominicaine doit se souvenir que respecter les droits humains n’est pas un choix : c’est une obligation juridique et morale.
L’histoire et la conscience des peuples jugeront sévèrement ceux qui, par inaction ou par mépris, auront permis que la dignité humaine soit ainsi piétinée.
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